Introduction
20 juillet 1969. L’équipage de la mission américaine Apollo 11 alunit dans la mer de la Tranquillité. Pour la toute première fois dans l’histoire de l’Humanité, on posa des hommes sur la Lune. Cet évènement exceptionnel nourrit encore aujourd’hui les rêves de toute une génération. Un nouveau défi se pose à la Science. Un vol habité vers la planète Mars. Mais comment prévoir les effets psychologiques et physiologiques d’un tel voyage à une telle distance de la Terre ? Est-il vraiment prudent d’envoyer des êtres vivants à la conquête de ce monde ? Ce sont les Russes qui ont trouvés la réponse à ces questions. Etudier depuis le sol terrestre, par simulation, les conséquences éventuelles de cette expédition. Mettre Mars en laboratoire.
Tel est le rôle du projet, que dis-je de la mission Mars 500. Réalisé sous l’impulsion de l’Institut des problèmes biomédicaux, il vise à enfermer six volontaires dans un module martien installé près de Moscou recréant les conditions d’un voyage sur Mars, soit une expérience de près de 2 ans. La mission a débuté le 31 mars dernier avec une équipe composée de deux cosmonautes professionnels russes, trois français et un allemand.
Nous allons nous intéresser à tout ce qui touche à cette ambitieuse expérience, le matériel à disposition de l’équipage, et les hommes en eux-mêmes.
I-) Avant le projet.
I-1) La planète Mars en quelques mots
Mars est la quatrième planète du Système Solaire et dernière planète tellurique* avec une distance au Soleil d’environ 228 millions de kilomètres et une taille assez réduite avec un diamètre de 6780km, deux fois moins important que celui de la Terre. Depuis le début du XXe siècle, elle nourrit les mythes de par l’observation détaillé de sa surface révélant la présence d’eau à l’état solide au niveau de son pôle et de chenaux fluviatiles révélant l’existence jadis d’eau à l’état liquide sur Mars et par conséquent d’une probable vie extraterrestre bactérienne ou plus évoluée. En outre la température, très variable peut atteindre des valeurs viables. En effet si elle n’est pas censé excéder -50°C à l’équateur et -130 aux pôles, elle peut brutalement tourner autour de 0° voir des températures positives. On pourrait alors se poser la question de la fusion des glaces polaires. Mais la composition carbonique de la très diffuse atmosphère martienne ne le permet pas. On assiste au passage de l’eau du solide au gazeux par le phénomène de sublimation. Elle est donc assez similaire à la Terre et ne se trouve qu’à 78 millions de kilomètres de celle-ci, ce qui explique qu’elle soit aujourd’hui le prochain objectif des organisations spatiales comme la NASA* ou l’ESA*
I-2) L’Homme sur Mars : le rêve de toute une génération…
C’est donc Mars qui intéresse aujourd’hui l’esprit de conquête humain. En effet Vénus, plus proche, présente des températures avoisinant les 450°C et une atmosphère composée de gouttelettes d’acide sulfurique, expliquant ainsi son écartement de la conquête spatiale. Georges W Bush, ancien président des Etats-Unis a d’ailleurs annoncé son projet le 14 janvier 2004 auprès des cadres de la NASA. Le vol habité vers Mars serait prévu pour l’horizon 2030 après un retour sur la Lune des Américains. Toutefois ce voyage stellaire pose un nombre assez important de contraintes et de dangers. En effet l’absence totale de pesanteur est néfaste à la santé des êtres vivants. Le premier problème concerne le squelette humain et les problèmes osseux liés à la croissance incontrôlée de la colonne vertébrale entraînant des problèmes de dos ; l’ostéoporose peut apparaitre sous des formes très graves avec une perte de calcium de plus d’un demi-pourcent chaque mois. Le second problème est musculaire, on constate une atrophie des muscles due encore une fois à la « Gravité 0 ». On observe également des troubles cardio-vasculaires, un affaiblissement immunitaire et le fameux SMS (Space Motion Sickness*), le mal de l’espace caractérisé par des nausées et maux de têtes.
Voilà d’une part pour les soucis corporels. Notons que d’importantes séquelles morales peuvent êtres engendrés par un vol dans l’espace aussi long. Etre enfermé plusieurs années avec des coéquipiers peut devenir source de conflits. Nous disons quelques années car en effet l’éloignement de la Lune à la Terre est négligeable face à celui qui nous sépare de Mars. Un aller simple sur Mars peut prendre plus de 9 mois contre quelques jours pour l’astre de la Nuit.
I-3) L’I M B P, le Concept.
Il est alors facile de comprendre qu’il ne serait pas convenable, sur le plan étique d’envoyer des Hommes sur Mars au vue des risques encourus sur le plan physique et mental. L’Institut des problèmes biomédicaux de l’Académie des Sciences Russe a peut être la réponse à ce problème. Cette organisation étudie en coopération avec l’ESA (organisation spatiale européenne et russe) des problèmes médicaux éventuels rencontrés pas les astronautes depuis 1963. Elle se spécialisa bien vite dans la simulation puisqu’elle commença en 1965 avec une expérience d’isolement au niveau de différentes bases scientifiques en Antarctique permettant de mesurer le stress encouru par cet « hivernage ». Elle continua en 1967 par une première simulation de vol à longue durée, en enfermant 366 jours trois volontaires dans un simulateur. Elle récidivera donc afin de préparer la science à ce fameux vol vers la planète rouge à l’aide d’un module très complexe où sont recréées les conditions d’un voyage sur Mars. En effet y seront simulés le vol, la vie difficile et l’isolement, ainsi que l’apesanteur ou encore la descente sur le sol martien (détails dans le II-)). Cette mission spatiale au sol se nomme Mars 500, en référence à la durée de l’isolement de six volontaires qui sera en réalité d’un peu plus de 520 jours.
Le bâtiment de l’IMPB à Moscou
Site de l’Institut (en anglais) : http://www.impb.ru/index.php?id=home/index&lang=eng/
Site de l’Institut (en russe pour ceux qui comprennent) : http://www.impb.ru/
II-) Module et déroulement de la mission.
II-1) Généralités
Le simulateur de la mission Mars 500 ressemble fort à un long vaisseau spatial de 24 m composé de quatre cylindres de 3,5 mètres de diamètre chacun environ et répondant à une fonction particulière (voir II-2 et II-3) ainsi qu’un simulateur de sol martien. Il est situé à Moscou sous un énorme hangar de béton et d’acier où s’affairèrent nombre de techniciens durant plusieurs années de préparation.
II-2) Un véritable laboratoire de recherche
Dans le simulateur on rencontre deux modules de travail essentiels à la simulation du vol martien et à l’étude des répercutions médicales engendrées.
Le 1er module du simulateur placé dans un cylindre assez court de 12 mètres de long est consacré à l’analyse médicale des hommes de l’équipage. Le médecin Alexeï Baranov disposera d’un bureau à proximité d’un grand laboratoire de microbiologie permettent de mettre en œuvre le but premier de l’expérience : étudier la résistance physique des volontaires.
On y réalisera également des expériences de télémédecine. En effet les pathologies seront diagnostiquées et les soins proscrits à distance par une équipe « au sol ». Ces expériences tiendront compte avec beaucoup de rigueur du décalage temporel que l’on peut observer entre la Terre et Mars soit une attente d’environ vingt minutes pour chacune des deux équipes pour l’établissement d’une connexion au réseau radiographique.
Le second module de travail est un original simulateur de vol vers Mars où seront installés trois des volontaires à partir de 9 mois passés avec leurs compagnons. Ils seront alités en position dite bedrest* dans des lits spécifiques et l’impesanteur sera recréée afin d’étudier son impact sur les corps des éventuels futurs cosmonautes qui partiront vers Mars. Au bout d’un mois passé dans ce simulateur, ils pourront fouler le sol de la planète rouge à travers un module recréant les conditions atmosphériques de la planète et les textures de sa surface à l’intérieur d’une grande géode. Cet ensemble est de loin le plus important de la mission puisqu‘il apportera les réponses aux nombreuses questions posées par la communauté scientifique.
II-3) Tout le confort de vie utile.
L’équipage disposera en outre d’un complexe de vie assez sommaire, le minimum vital ainsi que d’un ensemble de salles spécifiques à l’entraînement physique ou au repos.
Le module de vie installé dans un cylindre, lui de 22 mètres de long propose une salle commune et une cabine individuelle pour chaque membre de l’équipage. Celle-ci sera équipée d’une cuisine et d’un coin vaisselle mais pas de douche, ils devront se contenter de serviettes humides hygiéniques. Depuis le sol une veille permanente étudiera les mouvements des occupants à l’aide de caméras thermiques afin de vérifier constamment l’état de santé de ceux-ci. On pourrait croire qu’il s’agit d’un lieu de repos. Et bien pas du tout puisque des incidents volontaires seront provoqués afin d’étudier la manière dont réagissent les pseudos cosmonautes et de les entrainer.
Enfin la dernière partie du simulateur situé dans le plus long cylindre, de 24 mètres, accueille une salle d’entrainement physique qui permettra le bon entretien du corps des scientifiques qui devront faire une activité sportive régulière après plusieurs heures de travail de recherche. On y trouve également une orangerie et un jardin d’hiver (permettant de garder un lien avec la Terre et d’améliorer le facteur psychologique) ainsi que des salles de stockages de vivres et de matériel. Ce module porte le nom de module technique.
III-) L’Equipage
III-1) Recrutement des volontaires
Les candidats au programme Mars 500, doivent pour être sélectionnés, répondre à un certain nombre de critères. D’une part ils doivent avoir la nationalité d’un des pays membres de l’ESA (Europe+Russie). D’autre part ils devaient répondre aux profils suivants : avoir entre 25 et 50 ans, parler couramment anglais et russe afin de pouvoir communiquer avec l’ensemble de leurs partenaires, exercer une profession scientifique telle que la médecine, l’ingénierie informatique, mécanique, électronique ou plus généralement technique. Les études supérieures suivies devaient être de 5 ans après le BAC minimum afin de permettre aux participants d’exercer leurs compétences dans l’avancée scientifique du programme.
5680 candidats se sont portés volontaires à la mission et seuls six d’entre eux après sélection sur dossier et tests physiques et psychologiques ont été retenus.
Aucune femme n’a été sélectionnée. Il ne s’agit pas d’une discrimination volontaire de la part des organismes de sélection du programme mais un hasard total. En effet, peu de femmes se sont portées volontaires au projet et aucune d’entre elles n’avaient le profil nécessaire à la mission. Une jeune russe faillit faire partie de l’équipage avant d’être finalement écartée.
III-2) Formation de l’équipage.
La formation des volontaires de la mission est composée de trois grands axes. Le premier consiste en une initiation à l’univers aérospatial correspondant à une formation de cosmonautes professionnels : étude des systèmes, entraînement et tests de résistance physiques, etc.…
La seconde partie, essentielle, est une formation psychologique, qui consiste en une prévention à la médiation et à la gestion du conflit, ainsi qu’en une découverte des personnalités individuelles et en une thérapie de groupe qui permettra une meilleure entente du groupe et de minimiser les risques de mésententes ou d’intolérances.
Notons que la célèbre formatrice de cosmonautes, Adila Kotovskaya qui participa à l’entrainement de Yuri Gagarine, prononce sa septicité face à ce critère qu’elle juge dit elle « surévalué ». Elle pense que le facteur psychologique ne sera pas si contraignant que les prévisions l’affirment.
Enfin la troisième partie de l’apprentissage consiste en une étude du fonctionnement du matériel mis à disposition pour la recherche, et notamment la réalisation des expériences médicales telles que la télémédecine ou le contrôle du fonctionnement du système immunitaire, cardiaque, musculaire ou osseux.
III-3) Composition finale de l’équipe
L’équipage parti en mission le 30 mars dernier est finalement composé de 4 russes, un français et un allemand. Les profils des russes ne seront pas détaillés car très peu d’informations sont disponibles sur ceux-ci.
Le premier qui jouera un rôle de leader dans le simulateur est Serguei Razianski, commandant du « vaisseau », âgé de 37 ans, chercheur à l’Institut.
Le second est Oleg Artemiev, cosmonaute professionnel, il est âgé de 37 ans également.
Alexeï Baranov, de 33 ans est le médecin de l’équipe.
Alexeï Chpakov, physiologiste, est le puiné de l’équipage du haut de ses 25 ans.
Les profils des candidats européens sont eux beaucoup plus connus dans nos contrées. Notons que l’équipe de réserve sera constitué par Cédric Mabilotte, un expert diplomatique français de 34 ans et son compatriote Arc’hanmael Gaillard, expert électronicien à Rennes. Nous vous proposons dans notre cours métrage, une interview interactive de ces deux hommes.
Les deux européens qui ont pris place dans le simulateur sont :
Cyril Fournier, est français, est le plus vieux de l’équipe à 40 ans, est pilote de ligne chez Airbus et à donc de grandes connaissances en aéronautique et des centaines d’heures de vol derrière lui.
L’allemand Olivier Knickel, ingénieur militaire allemand âgé de 28 ans seulement.
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